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Qu'à peine on comprend
30 mai 2014

"(...)Les mots se défaisaient dans ma bouche

"(...)Les mots se défaisaient dans ma bouche comme des poignées de cendres et tout me semblait, dans le jour indifférent, dévasté.(...)Pendant tout un temps, la chute d'une feuille, une rue dans le port, le pli d'un vêtement ou tout autre objet insignifiant suffisait à me faire monter les larmes aux yeux.(...)Ils payaient jour après jour, jusqu'à l'usure, le prix interminable qu'il en coûtait de s'être à demi arrachés à un berceau fangeux qui leur avait laissé pour toujours une saveur dégarement.(...)Ce qui arriva par la suite, je l'appelle années ou ma vie, rumeur de mers, de villes, battements de marées humaines, dont le courant, comme un fleuve archaïque qui roulerait l'attirail du visible, me déposa dans cette pièce blanche, où, à la lueur de bougies déjà presque consumées, je suis en train de balbutier sur une rencontre de hasard entre et avec, assurément, les étoiles."

Juan José Saer - L'ancêtre -

 

 

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