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Qu'à peine on comprend

1 juin 2014

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30 mai 2014

Photo 115

30 mai 2014

"(...)Les mots se défaisaient dans ma bouche

"(...)Les mots se défaisaient dans ma bouche comme des poignées de cendres et tout me semblait, dans le jour indifférent, dévasté.(...)Pendant tout un temps, la chute d'une feuille, une rue dans le port, le pli d'un vêtement ou tout autre objet insignifiant suffisait à me faire monter les larmes aux yeux.(...)Ils payaient jour après jour, jusqu'à l'usure, le prix interminable qu'il en coûtait de s'être à demi arrachés à un berceau fangeux qui leur avait laissé pour toujours une saveur dégarement.(...)Ce qui arriva par la suite, je l'appelle années ou ma vie, rumeur de mers, de villes, battements de marées humaines, dont le courant, comme un fleuve archaïque qui roulerait l'attirail du visible, me déposa dans cette pièce blanche, où, à la lueur de bougies déjà presque consumées, je suis en train de balbutier sur une rencontre de hasard entre et avec, assurément, les étoiles."

Juan José Saer - L'ancêtre -

 

 

16 mai 2014

"(...)Plus tard la file se transforma en cercle

"(...)Plus tard la file se transforma en cercle mais, à la différence des rondes que j'avais vues dans mon enfance, les enfants ne se mettaient pas les uns face aux autres et tournés vers le centre mais l'un derrière l'autre, les mains posées sur les épaules de celui qui les précédait, de telle sorte que le cercle se formait lorsque le premier de la file posait ses mains sur les épaules du dernier. (...) ils demeurèrent tous à se reposer, sérieux, tranquilles, et quand enfin ils se relevèrent et, longeant le bord de l'eau, disparurent parmi les broussailles et les arbres en se dirigeant vers le village, je restai quelques minutes encore à contempler l'espace vide qu'ils venaient d'occuper, comme s'ils eussent laissé derrière eux, derrière leur présence turbulente, quelque chose d'impalpable et d'amène qui éveillait, chez qui parvenait à le percevoir, non seulement du bonheur mais aussi de la compassion à cause d'une sorte de menace, ignorée et commune à tous, qui semblait flotter dans l'air de ce monde.(...)"

Juan José Saer - L'ancêtre -

 

16 mai 2014

photos val 2 004

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14 mai 2014

"(...)Un jour après les avoir vus pour la

"(...)Un jour après les avoir vus pour la première fois, j'étais déjà si bien habitué à eux que mes compagnons, le capitaine et les vaisseaux me semblaient être les restes épars d'un rêve dont on se souvient mal, et je crois que ce fut à ce moment-là qu'il me vint pour la première fois à l'esprit - à quinze ans déjà - une idée qui depuis m'est devenue familière : le souvenir d'un fait n'est pas une preuve suffisante de son avènement véritable, pas plus que le souvenir d'un rêve que nous croyons avoir fait dans le passé, plusieurs années avant le moment où nous nous le rappelons, n'est une preuve suffisante ni de ce que le rêve ait eu lieu dans un passé lointain et non la nuit précédant le jour où nous nous le rappelons ni de ce qu'il ait pu survenir juste avant l'instant précis où nous nous le représentons comme déjà passé. (...)"

Juan José Saer - L'ancêtre -

14 mai 2014

"(...)Pendant cette course, la déférence des

"(...)Pendant cette course, la déférence des indiens envers ma personne se manifesta de nouveau ; ceux qui allaient de conserve avec moi, sans brusquerie et sans mot dire, m'attrapèrent par les coudes et me soulevèrent à quelques centimètres du sol afin que mes pieds ne le touchassent point, m'évitant ainsi l'effort de la course. (...)"

Juan José Saer - L'ancêtre -

 

 

14 mai 2014

photos portable val 041

13 mai 2014

"(...) Nous avions l'illusion de fendre cet

"(...) Nous avions l'illusion de fendre cet espace inconnu à mesure que nous allions le parcourant, comme si, avant nous, il n'y eût eu autre chose qu'un vide imminent que notre présence peuplait d'un paysage humain, mais, une fois que nous l'avions laissé derrière nous, dans cet état de somnolence hallucinée que dispensait la monotonie du voyage, nous constations que l'espace dont nous pensions être les fondateurs avait toujours été là et qu'il consentait seulement à se laisser traverser avec indifférence, sans rien garder de nos empreintes et dévorant même celles que nous y avions laissées exprès afin d'être reconnus de ceux qui viendrait après nous. (...)"

Juan José Saer - L'ancêtre -

 

12 mai 2014

"De ces rivages vides il m'est surtout resté

"De ces rivages vides il m'est surtout resté l'abondance de ciel. (...)"

Juan José Saer ( 1937-2005 ) - L'ancêtre - Traduction Laure Bataillon ( 2014 ) - Ed. Le Tripode .

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